“En 2050, il y aura plus de plastique dans la mer que de poissons”
Aujourd’hui, ce chiffre n’est plus une menace virtuelle ou même un spectre inquiétant, brandi pour faire réagir les masses. Ce constat ne se profile pas dans un avenir approximatif: c’est ce qui va se passer dans une vingtaine d’années. C’est la réalité de la mer que nous laissons à nos enfants.
Pourtant, nous chérissons notre mer, nous nous plaisons à regarder ses reflets ondoyants, nous aimons nous y tremper, nous y baigner, et pourquoi pas, y plonger tout entier… Cette étendue de bleu nous rappelle un monde sans limites et nous étourdit de son espace infini. Et puis, il y a les merveilles que les océans contiennent: ces poissons aux formes et aux couleurs si diverses, ces magnifiques coquillages, ces créatures marines des plus drôles aux plus étranges et même ces “monstres” qui nous effrayent et nous fascinent. Sous l’eau, c’est le profond silence qui nous extrait du monde, l’espace d’un moment…
En fermant les yeux et en pensant à la mer, en laissant revenir à soi des souvenirs de goût salé, le calme et la plénitude nous enveloppent. Un bonheur à portée d’imagination. Mais précisément, cette mer là, celle qui a bercé notre enfance, nos émois adolescents et nos joies légères, sera bientôt, comme dit la chanson, “un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître”…
Comment peut-on aimer et détruire à la fois ce qui nous apporte tant de sérénité? L’immédiateté, la consommation sans conscience, le besoin de profiter tout de suite des choses semblent plus forts que faire un pas de côté. Ce sont des habitudes d’automates. Et ceux qui clament être des amoureux de la mer, sont souvent les premiers à lui manquer le plus de respect. Certes, nous ne portons pas toute la responsabilité de la pollution du monde sur nos épaules, mais nous y contribuons largement par notre indifférence et des comportements inadéquats.
Voici l’histoire d’une fille qui aime bronzer au contact du sable chaud. Elle fait des voyages dans des lieux paradisiaques car elle est une amoureuse de la mer: Ibiza, Saint Barth, la Méditerranée… elle s’offre un nouveau maillot en micro fibres, prend l’avion, fait de jolis tours en bateau, achète des bouteilles d’eau pour s’hydrater, étale sa crème solaire pour éviter de se faire brûler la peau, se baigne en laissant des résidus dans l’eau… A midi, elle mange à l’ombre d’un joli cabanon de plage, une salade rapide avec des couverts en plastique qui seront ensuite jetés. Mais qu’importe, elle aime tellement la mer…
Ce récit banal est répliqué par des millions d’hommes et de femmes, chaque été, sur les plages du monde entier. Cette attitude généralisée est un facteur majeur de la pollution de l’eau. Et pourtant, nous aimons tous tellement la mer…
Jusqu’au jour où celle-ci, gavée de microparticules et de plastiques flottants, de pollutions toxiques et de poissons morts ne pourra plus nous renvoyer ses reflets azur. Aimer la mer, ce n’est pas s’en servir, l’utiliser à nos propres fins de petits plaisirs vacanciers, mais peut-être est-il temps de lui rendre tout ce qu’elle nous a donné et de l’honorer en la protégeant.
Quelques chiffres:
8-10 millions: Ce sont les tonnes de plastique qui sont répandues chaque année dans les océans.
5 000 milliards de particules de plastique flotteraient dans les mers. Or ces plastiques menacent toute la chaîne alimentaire, nuisant à la santé de l’homme et des animaux.
1,7 milliards C’est environ le coût annuel des algues marines toxiques. Elles affectent les écosystèmes et donc les ressources côtières en poissons et mollusques, mais aussi l’homme par les toxines qu’elles produisent. L’activité humaine joue un rôle dans l’essor de ces algues, par exemple avec la pollution par les nutriments.
20kg: c’est la consommation moyenne par an et par habitant, de poisson dans le monde. Soit le double d’il y a cinquante ans, ce qui met une pression sur certaines espèces de poissons.
25 000 tonnes de crème solaire sont déversées dans les océans chaque année. Cela correspond à 48 litres déversés dans les océans chaque minute à l'échelle de la planète. Nager avec de la crème solaire sur la peau permet aux composés chimiques comme l’oxybenzone de s’infiltrer dans l’eau et d’être absorbé par les coraux. Ces substances perturbent leur cycle de reproduction et conduisent ainsi à leur blanchissement.
*Tous ces chiffres proviennent d’organismes officiels, d’organisations et de fondations qui travaillent à la protection des Océans (UNESCO; UICN).
Et si on allait à la mer autrement? Si on partageait nos compétences, nos idées, nos savoir-faire?
Voici quelques organismes qui encouragent à participer dans leurs programmes de protection de la mer.